À ceux qui liront ces mots...
Je voulais attendre le 20 du mois, afin d'écrire un bilan mensuel, mais j'ai déjà la tête remplie de rencontres et d'histoires, les mots se bousculent et j'ai l'envie pressante de partager au monde ce qui m'anime, ce que je vis.
C'est donc il y a presque un mois, que j'ai débuté mon service civique sur la commune de Sarra di Farru, en Corse du sud. Village où je passe la moitié de mes vacances depuis mon enfance, et que je chérie chaque jour à distance depuis la capitale. J'entretiens avec elle (la commune), une relation toute particulière. Longtemps, elle fut mon plan coeur de l'été, j'étais ravie de la retrouver pour profiter, comme chacun, de ses plages et de ses montagnes, pourtant j'ai toujours eu l'envie d'en savoir plus sur elle, d'avoir une relation plus importante, plus authentique, plus vraie, une relation qui pourrait durer dans le temps et dont je me souviendrai à jamais. J'avoue avoir eu un peu de mal au début, à être moi-même, et je pense qu'il me faudra encore quelques semaines ou quelques mois peut-être pour l'être, tandis qu'elle (la commune) a tout fait pour me mettre à l'aise. J'ai eu la chance de tomber sur une équipe très accueillante, et des habitants qui n'ont pas hésité une seconde à me faire passer le pas de leur porte, pour que nous puissions échanger et parler nostalgiquement de leur bon vieux temps. Je m'appelle Athéna, je viens d'être diplômée d'un bac+5, et je vis d'habitude à Paris dans un petit appartement, avec mon chat et mon amant. En acceptant ce service civique, j'ai quitté mes amis, mon chéri, mon chez moi, pour vivre seule ici, dans un village que j'essaye d'apprivoiser, le tout en essayant de ne pas trop toucher à mes économies car j'utilise mon salaire pour payer mon loyer à Paris.
Pourtant, en ayant tout laissé derrière moi, je me sens aujourd'hui comme la personne la plus riche au monde. Je me nourris des récits de nos anciens, de tous ces moments et de ces traditions qu'ils ont encore en mémoire. Je suis riche de découvrir la vie rurale qui m'était jusqu'à lors presque inconnue. Je me retrouve à faire la cueillette des clémentines après avoir fait la chasse aux souvenirs. Je suis riche de ces rencontres, de l'hospitalité de ce village, de mon village, car c'est aussi un peu de là d'où je viens.
Bien que mes ancêtres ne soient pas tous de cette île de beauté, il n'y a qu'ici que je me plais. Je me retrouve dans les valeurs et les moeurs de chacun. Dans leurs croyances, dans le respect des autres mais aussi de leurs terres et nos traditions.
Si je devais résumer en quelques mots, pour terminer cette première lettre... J'ai des papillons, les frissons du début, il y a même des nuits où je n'en dors plus. Le soir, je suis physiquement seule et pourtant elle est là, dans mon coeur, dans ma tête, elle me remplie de joie. Cette commune si chère à mon coeur, habitée par toutes ces âmes qui la chérissent autant que moi, et je crois que c'est ça qui fait l'union et la beauté de ces villages, l'amour profond que nous partageons pour ce petit coin de Corse.
Athéna Alfonsi