De l’eau a coulé sous les ponts (ou dans les marais) depuis mon dernier courrier. Alors oui, les marais se sont remplis d’eau, et même abondamment. Qui dit eau, dit pluie, c’est donc sous des précipitations soutenues que nous avons poursuivi notre mission. Ça ne nous a pas empêché d’avancer et la partie chemins de randonnée s’est largement précisée. Nous avons également commencé à établir un contact avec les habitants du village, j’ai l’impression que nous sommes désormais des figures reconnues. Étrangement, je ne pense pas que ce soit un aspect qui me plaise. J’apprécie le caractère anonyme que me confère la vie dans une grande ville. Est-ce lié à mon caractère introverti ? C’est probable. En tout cas, cela me permet au moins de voir les implications réelles de la vie à la campagne
Vivre à la campagne, c’est aussi une réelle expérimentation de son rapport à la solitude. Et c’est parfait, car c’est ce que je cherchais en venant ici, l’expérimentation d’un mode de vie qui diffère de celui auquel je suis habitué. J’ai l’impression de supporter la solitude mais qu’elle entraîne tout de même une monotonie que j’étais content de briser lorsque je suis rentré à Lyon pour les fêtes de Noël. Je me suis en effet retrouvé quelque peu nostalgique en constatant à quel point certaines choses qui peuvent sembler insignifiantes m’importent en réalité. Voir du monde à la salle de sport, passer du temps avec mes parents et ma soeur, prendre un Vélo’v et retrouver des amis en ville. En tant qu’ours des montagnes certifié je ne pensais pas que ces aspects m’importaient tant et pourtant. Heureusement il me reste Colin, mon ami, colocataire et acolyte de mission avec qui je partage presque tout.
Il s’agit également de commencer à penser à l’après… mais c’est une conversation pour un prochain courrier. Et oui je ne peux pas tout divulguer maintenant, à propos de quoi vais-je pouvoir blablater dans les prochaines lettres sinon.
Paul Rouchon