Journal d'un comtois à Trévières

Dix heures. Le GPS de mon téléphone arbore ces deux caractères pourtant pacifiquement mais leur lecture sonne intérieurement en moi comme un périple menaçant. C'est également l'heure de mon départ, après avoir chargé ma voiture de ce que je pensais indispensable à ma survie dans ce nord ouest encore inconnu à mes sens, j'embrassais les miens une énième fois. Il ne fut pas aisé de se détacher de cette chaleur qu'ils me procuraient à chaques visites, comme une atmosphère automnale, un rayon de soleil orangé par les feuilles, qui à peine disparu laisse pénétrer le froid dans votre coeur. Il faut apprendre à chérir ces instants, mélancoliques hérauts d'un hiver rude, je m'arme de cette chaleur pour l'affronter.

La route est incontestablement une épreuve en elle-même, lourdement nuancée de pensées envahissantes, le ventre alourdi par les noeuds qui se forment à chacuns de mes questionnement tant ils sont nombreux. La maison ? La colocation ? L'environnement ? La maire ? Les tutrices ? Les collègues ? Hier ne peut vous aider sur votre lendemain quand la gamberge est essentiellement présente.

Car il n'y a qu'aujourd'hui pour vous rassurer, c'est présent qu'à été le réconfort, lorsque j'ai pu enfin rencontrer tout ces éléments qui ont su se mouvoir parfaitement autour de ma personne. Tous doutes fut dissipés, les peurs envolés, les craintes désarmées lorsque j'ai retrouvé en ces terres un infime éclat de cette chaleur que j'avais, sous ma peau, amenée avec moi.

Les journées passées depuis ont été peu remplis, marcher, découvrir, apprendre ont été mes premières missions pour m'introduire davantage dans ce nouvel espace que je m'appropriait bien mieux d'un instant à l'autre. Les battements dans ma poitrine rejoignaient les leurs, eux qui ont su nous faire une place dans ces vastes étendues vertes, sublimées des rayons solaires entrecoupés des larmes de ces lourds nuages qui deviennent nos compagnons par leur assidue présence. Etendues qui s'élancent et se jettent jusqu'aux eaux froides de la manche.

Et tandis que ce renouveau insuffle en moi cette force inédite, je me lance dans divers projet afin de garder en vie ce jeune feu prometteur.