Une journée type en Service Civique à Toudon !

Il est 9h, je suis en retard ! Les cloches de l’Eglise en bas de ma rue ont déjà sonné leurs 9 coups une première fois… A peine ai-je le temps de rassembler mes affaires, de descendre mes quelques marches et de fermer la porte qu’elles résonnent une nouvelle fois. (Et oui ici les heures sont sonnées deux fois, et un coup pour chaque demi-heure en prime !)  Un coucou à Praline, le chat de la voisine puis en bas des marches ne surtout pas oublier de lever les yeux pour dire “Bonjour et bonne journée !” à Jean-Louis sur son balcon !

Au croisement de la Rue Centrale vérifier si la fuite des canalisations est toujours bien là (oui c’est bien le cas) ! Voir Robin au loin s’avancer vers la Mairie où l’attend son travail de secrétaire. S’arrêter discuter avec “les Alziaux” sur le pas de leur porte ou avec Pierre ou Jacky penchés à leur fenêtre… Près des poubelles, croiser Joseph, “Le Géant Vert” qui inlassablement nettoie, gratuitement, les rues de son village pour occuper son temps. Il dira qu’il fait chaud même si ce n’est pas le cas et peut être aussi qu’aujourd’hui il pleuvra… Saluer tous les conducteurs des voitures qui passent. Arriver à la Mairie et dire bonjour tout sourire à Sylvie, l’employée communale, à la fois cantonnière et femme de ménage ! Saluer le maire et lui confirmer qu’on a bien dormi surtout c’est important !

Et c’est parti pour la journée en compagnie de Robin, appels et visites vont se succéder. Joseph viendra quelques fois, Cécile passera c’est sûr. Il y aura les problèmes d’eau, des fuites, des consommations excessives, des niveaux de bassin d’eau potable trop bas. Comme ces quelques dernières années avec les sécheresses à répétition. Des arrêtés en pagaille, la communication sur les réseaux sociaux, le site internet, le télé-alerte et l’affichage des infos à droite et à gauche. Un peu de café, beaucoup de rigolades et surtout une montagne d’apprentissages avec Robin.

A midi, ou plutôt une heure de l’aprem, l'aller-retour quotidien chez moi, pour le repas. Une gamelle et je ressors, petit moment câlin avec Praline qui m’attends. Michelle ouvre sa porte pour appeler Pharaon, le joli chat gris et sauvage, qu’elle nourrit. En temps normal il est là à 13h tapantes ! Petit moment bavardage toutes les deux sur les marches de la rue, puis c’est le moment de retourner à la Mairie manger avec Robin. Le Maire ne reviendra qu’à 15h nous laissant papoter et travailler. Et l’après-midi se déroule sous le soleil… Une fois par semaine, la doyenne du village passe nous voir, nous, ses “chéris”. A 94 ans, elle est devenue notre grand-mère d’adoption. Peu de temps après mon arrivée ici, elle est rentrée de son dernier voyage en avion en revenant de Malte, seule ! 

17h les cloches sonnent et re-sonnent, il est temps de rentrer chez nous. On ferme la mairie. On souhaite une bonne soirée au “Géant Vert” qui ne s’arrêtera qu’à la nuit tombée. On croisera peut-être Véronique et ses chats qui la suivent partout, accompagnée ou non par Eric. On s’arrête encore une fois discuter avec Pierre, Denise ou les Alziaux. Le soir, il fait toujours aussi chaud. Puis on rentre au frais, bien souvent dans l’humidité de nos maisons. Il faudra attendre 19h pour aller arroser les jardins partagés. Je suspends le boîtier 4G à ma fenêtre. Ici, les murs d’un mètre d’épaisseur laissent peu passer la chaleur mais empêchent également tous réseaux et internet d’entrer ! Après avoir arrosé nos légumes avec Cécile, Martine et Michelle et, peut-être récolté quelques blettes, on remontera, en papotant, les marches de la Rue du Moulin, puis celles de l’Esternaou pour rentrer chez nous. 

Être au contact des Toudonnais, c’est avec eux, apprendre l’inquiétude du vent, quand les feux menacent. Attendre la pluie qui pourrait aider les légumes que l’on peine à arroser. Comprendre la guerre de l’eau, ses voisins ébahis devant ceux qui remplissent leur piscine, quitte à ne pas pouvoir se doucher le soir. Respecter les horaires d’utilisation du bassin de déversement. Ne rien comprendre aux OLD (Obligations Légales de Débroussaillement). Râler sur les gens qui roulent trop vite dans le rétrécissement de la Rue Centrale où les voitures ne peuvent pas se croiser. Constater l’état déplorable de la route de Vescous, abîmée par les travaux. Regarder, le soir, en bas, les sangliers. Mais avant tout, partager, les repas, les apéros, les histoires d’antan et de maintenant. Rire, boire du rosé, râler, bavarder. Vivre ensemble en somme.