Être Sarrantais⸱es c’est comme les doigts d’une même main, sauf qu’elle aurait plein de doigts.
C’est un peu le sentiment qu’on a toutes eu en arrivant ici. On c’est nous, Margot, Juliette et Zoé -plus communément Marjuzo pour les mails groupés-, on est trois services civiques avec trois missions différentes pour trois structures différentes, mais toutes à Sarrant. Ça en dit déjà long sur pourquoi Sarrant est le village le plus cool d’Europe occidentale. Certes, parce qu’on y est, mais surtout parce que le village de Sarrant, du haut de ses 377 habitants, a suffisamment de choses à offrir pour avoir besoin de nous trois.
Sarrant c’est un village et sa banlieue. Imaginez un ovale, tracez une ligne qui le coupe en deux et le tour est joué, c’est Sarrant. Le bourg médiéval c’est ça. Une entrée, la Tour-porte, trop étroite pour laisser entrer les voitures et une sortie, à l’opposé. C’est également des rues, au nombre de 3 - la rue du milieu, la rue courbe et la rue du couvent-, des maisons avec deux entrées, une sur le dedans et une sur le dehors, dont les greniers sont reliés et dans lesquels il fait un froid de canard. Sarrant c’est un charme étrange : des maisons très étroites, très jolies, et puis d’autres qui menacent de s’effondrer.
Attention, il ne faut surtout pas avoir peur de quitter le bourg. On vous a parlé de la banlieue, c’est comme ça que certain.es l’appellent ici. Ce sont toutes ces maisons, ces corps de ferme, ces exploitations agricoles, ces lieux-dits qui parsèment la campagne gersoise. On va pas vous mentir, la différence ici se fait un peu ressentir. C’est comme dans une grande ville. Y a ceux du dedans et ceux du dehors.
Dehors, il y a toutes ces petites routes qui montent et qui descendent, permettent d’aller admirer le coucher de soleil et les Pyrénées ou de faire de chouettes balades à vélo. Dans la campagne sarrantaise, on voit pleins d’animaux : renards, chevreuils, chouettes, buses, blaireaux, sangliers…
Dedans, c’est un bouillon culturel et artistique. Ici vous croiserez un tourneur sur bois, un enlumineur / calligraphe, une potière, une médiathèque, une peintre, des illustrateur⸱ices en grand nombre, une relieuse, la Maison de l’Illustration -espace de création, d’exposition et boutique, une créatrice de bijoux, une librairie fantastique et ses tartines délicieuses, la Maison du Maïs population et un musée numérique, la Micro-Folie. Ces gens-là prennent un joyeux plaisir à partager leur passion et leurs compétences. Sont régulièrement organisés, des ateliers pour tous âges, des cours, des conférences, des visites, des concerts… et être Sarrantais⸱es, c’est aussi y être convié⸱es.
Vivre à Sarrant c’est Hélène qui nous alpague pour nous parler du concert de ce soir. C’est Kam qui fait des allers-retours constants, les bras chargés de matériel de sérigraphie et qui fin octobre arpentait les rues en criant « Qui veut des tomates vertes ? ». C’est George qui nous court après pour nous offrir du raisin. Vivre à Sarrant c’est le café du vendredi à l’Espace de Vie Sociale où celleux qui en ont l’envie et le temps viennent se rencontrer et discuter autour des gâteaux de Julie. C’est saluer tout le monde et discuter avec chacun⸱e. C’est l’atelier d’écriture mensuel, chaque fois plus rigolo que le précédent. Vivre à Sarrant c’est prendre l’apéro le soir de son arrivée. C’est covoiturer pour aller au marché. C’est se sentir partout chez soi. Vivre à Sarrant c’est fermer une maison à clef, mais dire à tout le monde où elle est cachée.
Juliette Elie