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Aperçus des derniers mois

Publié le 04/08/2022

Mars, Avril, Mai, Juin, Juillet, Août … le temps a filé comme le vent entre les arbres de mon village de cœur. J’aurais aimé laisser davantage de traces écrites de mon passage à Sarp par le biais de ces lettres, celle-ci est seulement la troisième et notre aventure s’approche à grands pas de la fin.

En mai, une formation à Toulouse nous a véritablement formé. Je n’attendais pas tant d’enseignements de ces deux journées organisées par deux bénévoles du SIAD, une association qui a pour but « d’accompagner et de former des porteur.se.s de projet à la création d’entreprise solidaire en Afrique ». Le titre de la formation aurait pu être « L’Altérité » aussi bien que « l’Interculturalité » car nous sommes tous l’étranger de quelqu’un. Nous avons ri, échangé en toute bienveillance sur nos expériences personnelles et sur le service civique, nous avons écouté, ému.e.s, le témoignage de Roméo, un migrant camerounais qui a embrassé différentes cultures et appris à parler divers dialectes au cours de son voyage sinueux vers la France. Il a su aller à la rencontre des autres, mêmes de ceux avec qui il n’avait, de prime abord, rien en commun. On a toujours quelque chose en commun avec son prochain.

Nous avons rendu visite à Jean-Paul, le fauconnier amateur que nous avions rencontré grâce à notre buse (j'espère que tu reposes en paix bubuse), j’avais parlé de cette expérience dans ma première lettre. Ce fut très impressionnant et même émouvant d’approcher de si près des animaux aussi majestueux et sauvages. Buses américaines avec leurs bébés, grand-duc d’Europe, corneille, faucon … ce fut une après-midi ensoleillée, soldée par un bon gouter dans le jardin de Jean-Paul et de Claire.

En juin, nous étions bien occupées par les préparatifs de la fête du Solstice, un évènement majeur pour Serpettes et Chaudrons. Notre mois était rythmé d’appels aux bénévoles et aux exposants du marché, de confection de listes en tout genre, de communication sur les réseaux sociaux, d’impression de prospectus et de leur distribution. En parallèle, la vie associative de Serpettes se poursuivait comme à son habitude : ateliers avec les enfants, animations à l’EHPAD Sainte-Marie de Siradan, portes ouvertes et plante du mois (le Sureau noir était à l’honneur), récolte de plantes, anniversaire de Dohina etc. Du côté d’Insite, nous avons passé participé à une journée de rassemblement à Samatan (32) dans le gros village de Chloé. Ce fut très chouette, j’ai pu animer un atelier d’écriture pour la première fois de ma vie. Merci à Morgane de m’avoir offert cette opportunité, cette expérience me donne confiance en moi pour en reproduire à l’avenir. Nous avons également rencontré Romain d’Insite, une personne chaleureuse ! La canicule était pesante mais ne nous a pas empêché de visiter ce village très vivant qui ne semble manquer de rien.

La semaine précédent la fête du Solstice, nous avons travaillé tous les jours, motivées par la volonté d’organiser le premier gros évènement de ma vie et d’offrir au public un beau souvenir. Le lundi, nous avons cuisiné pour tester les recettes. Les jours suivants nous avons distribué des affiches et des prospectus, passé encore quelques appels et fait les grosses courses ! Vendredi après-midi, nous avons cuisiné à l’aide de nos bénévoles, heureusement qu’ils étaient là ! Et le samedi 25 juin, vint la fête. Levées de bonne heure nous avons entamé la journée par la mise en place de la décoration puis poursuit en préparant du café et des infusions. Après ça, chacun.e a gagné son poste de travail. Le matin, j’ai tenu le stand de l’accueil avec un bénévole des plus adorables. J’ai pu profiter de la fête au cours de la journée. En soirée, nous étions nombreux en cuisine, nous riions et étions porté par un certain enthousiasme. Malheureusement la pluie s’est invitée et la nuit s’annonçait froide. Vers 22h30, les hommes du village ont allumé le Brandon. L’ambiance était particulière et saisissante, ce genre de moment touche votre âme directement et vous apporte une énergie abondante, alimentée par le feu et la chaleur humaine. Le feu du brandon réveille votre flamme intérieure. Cette fête païenne se vit presque comme un moment mystique : un morceau de bois incandescent, une légère bruine, le son des percussions résonnant dans la nuit noire et des femmes et des hommes dansant et sautant autour du foyer ardent.

brandon

Juillet, le calme a suivi la tempête de la fête au sein du jardin de Serpettes et dans nos vies puisque nous avons attrapé un virus quelque peu embêtant. Je suis partie en vacances une semaine après m’être rétablie. Le jardin a eu bien chaud, l’herbe est jaune et certaines plantes ont des coups de soleil. Pendant que j’étais éloignée de cette ruralité, de retour dans ma Bretagne natale, Sarp est demeuré tout proche de mon cœur. Parfois la nuit lorsque je me réveillais je m’étonnais de ne pas entendre l’écho des cloches de l’église Saint-Germé. Je me sens si bien ici à Sarp, mentalement et physiquement c'est un endroit qui me convient parfaitement. Il y a au-delà du décor champêtre, la présence de certaines personnes qui rend le village vivant : Pascal l’agent communal sans qui le village ne serait pas le même au quotidien, Robert le maire qui soutien diverses initiatives avec enthousiasme et Jean le frère de Robert qui aide à l’organisation des fêtes et autres bricoles ! Un sourire lancé à la croisée de nos chemins quotidiens me met toujours du baume au cœur.

Lorsque je suis rentrée de mes vacances, après avoir profité pendant une semaine des commodités qu'offre une très grande ville, j’ai pu mesurer la beauté du calme qui règne dans les alentours de Sarp. J’aime le trajet qui me permet de rentrer chez moi après un plus ou moins long voyage. Je prends le TER jusqu’à Montréjeau où petit à petit je vois le paysage changer, les montagnes apparaitre et les champs s’étendre. Puis le bus me réceptionne à la gare et 10 minutes plus tard me voici devant l’église de Loures-Barousse qui est mon point de départ pour une marche rituelle et silencieuse jusqu’à Sarp. Je me retourne toujours après la petite montée à la sortie de Loures-Barousse pour regarder le village dans mon dos. Une fois un peu plus haut, j’aperçois comme des amis qui m’accueillent, la basilique Saint-Just de Valcabrère et la cathédrale de Saint-Bertrand. A ma droite, s'étend vastement un champ de blé et à ma gauche, se dresse les premières maisons d'Izaourt. J’emprunte ensuite un petit chemin entre un pré et les pommiers, de là je vois bien les montagnes, à cet endroit précis j’ai le sentiment d’être à la croisée des villages et des vies, au cœur de la vallée, je m'y arrête un instant pour m'ancrer. J’avance, je traverse le lotissement des Courties, j’aperçois Sarp au loin, pas si loin, et l’église qui veille sur le village. Dernière ligne droite, je suis dans la rue qui mène à la mairie et je suis heureuse, je passe l’ESAT, le cimetière, la maison de Robert, je regarde le champ à ma gauche où je devine en contre-bas, parce que je le connais, l’Ourse, le ruisseau qui traverse les villages de la Barousse. 

Je vous souhaite de belles balades dans vos espaces intimes et quotidiens, 

 

 

Chloé. 

 

 

bleu

 

 

Chloé Cariou

Sarp (65)