Moins d’un mois restant à San Lurenzu. Il reste tant à faire que l’approche de la fin de la mission plane au-dessus de chacune de mes journées. Je me retrouve seule pour terminer la mission et au programme : la création et la finalisation du site internet tant attendu, la création du magazine photo pour le village, l’animation des ateliers numériques et tout ce qu’il y a autour !
Autant dire que ces quatres petites prochaines semaines vont paraître fort étroites pour contenir tout ce travail. Mais il me tarde de voir le résultat, de concrétiser ces projets dont nous parlons à tous les habitants depuis notre arrivée. Et le moins que l’on puisse dire c’est que c’est attendu !
Pas de marche arrière possible : les habitants attendent avec impatience de pouvoir aller au travers de toutes les photos de leur enfance, de celle de leurs parents et de leurs grands-parents. Je suis presque à 600 photos récoltées. C’est un travail de longue haleine, résultat de longues heures à légender des photos, à identifier des personnes, à organiser, trier, archiver et numériser des centaines de clichés.
Oui, j’ai hâte de voir la finalité de ces six mois bien remplis, et de pouvoir avoir un regard en arrière sur ce temps passé en Corse, sur toutes ces rencontres et ces chemins parcourus. Et puis qui sait, peut-être reviendrais-je passer quelque temps sur l'île de beauté et que les ruelles de San Lurenzu m’appelleront de nouveau.
Et je dois maintenant songer à l’étape d’après, celle du retour sur le continent dans la grande ville. Bien différent de ce petit village sans commerce qui fut ma maison pendant six mois. Je redoute mon retour sur mes terres normandes. Non pas que je ne suis pas chauvine ( il s'avère même que je le sois bien plus lorsque je voyage loin de ma terre natale que lorsque je la foule de mes pieds), mais bien parce que se réveiller avec les montagnes et les forêts va me manquer, tout comme croiser des vaches sur la route du travail le matin ou bien se promener en soirée sur les hauteurs et s’installer près de la chapelle pour admirer le coucher de soleil sur les aiguilles de Popolasca.
Le calme des montagnes se fera lointain lorsque je retournerai à Rouen, tout comme les escapades sur les sommets les weekends. Mais ce n’est pas encore terminé. Je ne peux pas me morfondre tout de suite, je le ferai une fois sur le bateau quand la silhouette de l'île de beauté disparaîtra dans la lumière déclinante du soleil couchant.
Norma Legendre