Comment je me suis retrouvée là ?
Après 5 ans d’études et stages entre Toulouse, Lyon, Prague, et j’en passe , je ne me voyais pas du tout me lancer directement dans le monde du travail. J’avais besoin de vivre d’autres expériences, de rencontrer de nouvelles personnes hors du cadre “études” ou “travail", de ma petite bulle sociale et surtout d’apprendre de nouvelles choses. Après des années à habiter la plupart du temps en ville, il était aussi temps pour moi de m’installer plus proche de la nature, pouvoir l'explorer, l'admirer, la respirer. Faire un service civique dans un petit village m'a semblé parfait pour cocher tous ces critères. Je ne me rappelle même plus comment je suis tombée sur les offres d'insite, mais quand j'ai vu l'annonce pour Saint Saturnin de Lenne je me suis dit : voilà où je dois aller.
Ce qui m'a attirée dans les missions: "Contribuer à la vie associative" et "Valoriser les sentiers de randonnée"
L'associatif et le collectif, ça me parle car je crois en la force du groupe, l'engagement désintéressé autour de projets pour le bien ou le plaisir de tous, la convivialité, toute cette belle énergie partagée. J’ai toujours été impliquée dans des associations (étudiantes, en stage), et avoir la chance de pouvoir continuer dans cette lancée à une nouvelle échelle, dans un nouveau contexte est une opportunité géniale. En étant en plus de tout ça férue de randonnée et de sports de pleine nature en général, c'était le combo parfait : investir mon énergie et mes passions dans une mission concrète, à une échelle locale, en Aveyron (le plus beau département de France en plus). J'ai donc sauté sur l'occasion.
Et alors ça donne quoi ?
Quand nous sommes arrivées dans le village avec ma binôme Yohana, nous avons été plongées directement dans le bain : un grand apéritif organisé à la salle des fêtes avec toutes les personnes investies dans les activités du village. Yohana, qui est Colombienne et ne parlait pas du tout français à l'époque, appréhendait un peu cette rencontre, mais le sourire et la chaleur des gens nous ont tout de suite mises très à l’aise.
Les semaines suivantes ont continué joyeusement dans cette même lancée. Avec Yohana nous travaillons dans “l’open space” de la mairie, où chaque jour une multitude de gens passent : le maire bien sûr, l’équipe municipale, les membres des différentes associations du village, les habitants du village, même des personnes extérieures, de l’office du tourisme, du parc naturel régional, du département… Chacun a une bonne raison de passer une tête, que ce soit pour prendre le café, prendre des nouvelles, faire des réunions pour les multiples projets de la commune, demander un service, commander des affiches pour les événements, ou simplement discuter et débattre de choses et d’autres. Il y a des journées où il est quasiment impossible de travailler ou de rester concentrée sur une tâche tant les rencontres et les discussions s’enchaînent. De cette façon nous connaissons rapidement une bonne partie des Saint Saturniens, qui sont toujours adorables et enthousiastes de nous voir !
Chacun s’inquiète de savoir si nous sommes bien au chaud dans la petite maison où nous sommes hébergées, et s’enquiert des progrès en Français de Yohana, tout en saluant son courage dans un telle démarche: débarquer depuis la Colombie dans un tout petit village au fin fond de l’Aveyron pour apprendre le français. C’est un accueil très agréable, qui dénote avec les à priori qu’ont souvent les gens quant aux petites communes rurales : depuis que la mairie accueille des volontaires en service civique, il y a toujours eu des jeunes étrangers (Allemagne, Sénégal) qui ont tenté l’expérience et ont été chaleureusement accueillis.
Aux rencontres et à la découverte de la vie du village s’ajoute l’exploration des nombreux chemins qui parcourent la commune pour dresser un état des lieux des sentiers existants et réfléchir à comment les valoriser, mais aussi imaginer de nouveaux circuits reliant les points d’intérêts de la commune. Avec un mois de novembre exceptionnellement ensoleillé, c’est avec joie que je parcoure autant de chemins que possible, à la recherche des plus beaux points de vue, de la plus belle boucle. Les paysages sont autant variés que magnifiques: des prairies sèches du causse aux forêts de chênes ou de pins, de la petite vallée bien verte et humide aux sommets des puech d’où on peut admirer une vue splendide sur l’Aubrac, je me plais énormément dans ma mission et j’espère que je pourrais apporter des pierres concrètes aux projets de randonnée. J’ai la chance d’avoir la totale confiance du maire qui est très motivé pour faire avancer les choses sur les sentiers et mobiliser les bonnes personnes, qui ont chacune des connaissances à apporter sur la commune, son patrimoine, son histoire, ses chemins. Chaque rencontre m’apporte de nouveaux éléments, que ce soit avec des paysans, des passionnés de randonnée, des gens du PNR ou de l’office du tourisme, des anciens qui ont grandi ici ou des nouveaux qui ont fait des recherches sur l’histoire de ces paysages : tout me nourrit autant personnellement que pour la mission.
Le temps passe finalement très très vite à Saint Saturnin de Lenne, on n'a pas le temps de s'ennuyer ! En évitant de penser à la fin qui s'approche beaucoup trop vite, on profite le plus possible de l'expérience qu'on a la chance de vivre ici.