Attirée au Beaucet dans le but de construire une communauté écologique et solidaire, elle s’est intégrée dans la toile associative locale rapidement. Ne s’étant pas retrouvée dans le projet, elle s’investit dans une radio associative nouvellement créée, un projet inscrit dans le partage et l’information à une échelle locale. Souvent à “Comme une Maison” (l’épicerie associative du village), elle est donc dans notre paysage et de fil en aiguille nous raconte un peu de son histoire :
Elle part explorer l'ethnologie sur le toit du monde, en solitaire, comme tout ethnologue doit le faire, pour trouver un sujet de mémoire. Elle commence avec l’apprentissage intensif d’un népali “cassé” (en phonétique), en même temps qu’elle se met à la recherche d’un guide pour le district de Humla (situé à l’extrême Nord du Népal) et s’intègre petit à petit dans ce monde qui n’était pas le sien. Après son séjour d’un mois à Katmandou, elle part pour l’ouest en bus – 5 jour de bus folkloriques, avec le bus qui s’arrête au milieu de la route pour prendre quelqu’un, des moutons qui sont rangés en soute ou une femme qui monte avec son coq – avec pour but de se rapprocher au maximum de l’Himal*. Elle est accompagnée d’Anhil, un employé de l’hôtel en tant que guide et interprète pour les us et coutumes locales. Elle attend un temps un avion pour Humla, avion qui navigue à vue et dont l’aéroport est une piste de terre, qui n’arrivera jamais à cause des conditions météorologiques. Puis finit par aller à Jumla, cela lui permet de rejoindre le Pahad* et de la rapprocher de Humla car elle garde la volonté d’atteindre sa destination en terminant à pied.
Départ de Jumla en direction du Nord-Ouest ; les villages sont de moins en moins habitués à voir des étrangers passer par chez eux, le système de caste prend de plus en plus de place, les groupements de villages sont de plus en plus loin les uns des autres… Les marches s’allongent, les distances aussi, mais les montagnes, elles, se rapprochent. Après des marches de 12h, elle rejoint des bourgades qui l’attendent, prêtes à l’accueillir, à lui donner de quoi se sustenter et dormir, informée par les nuages peut-être… L’Himal* se rapproche, Humla aussi, plus que quelques difficultés. Elle arrive face à la rivière Karnali, force de la nature, torrent puissant et large, ce qui servait pour traverser, détruit, seulement les câbles qui restent, obstacle infranchissable si l’on tient à la vie. Nouveau départ, celui d’une errance, abandon d’un projet, d’un objectif impossible à atteindre. A force de pérégrinations, on se retrouve dans des villages plus conséquents, on découvre de nouvelles choses, on observe. Un nouvel objectif s’offre à nous, celui d’une fête, une fête préparée par des femmes pour souhaiter une longue vie à leur maris, une fête locale et peu connue, le Teej. Préparation six semaines en amont de cette fête, création des chants, des danses par des femmes uniquement. Une fête débattue entre les différents groupes de féministes, vue comme un moment pour se rassembler, ou comme un moyen d’asservir les femmes à leur mari en fonction des points de vue. Un sujet pour un mémoire, trouvé dans ce terroir.
* Notion de l’Himal, Pahad et Terai :
Himal : montagne de haute altitude (au-dessus de 4000m), zone très peu habitée
Pahad : montagne de basse altitude (de 800 à 4000m), principalement sans neige et très habitée
Terai : plaine (en-dessous de 800m)
Par Arthur Tremeau
Arthur Tremeau