Bonjour à tou·te·s,
Cela fait 6 semaines que nos missions ont commencé à Cristinacce. Nous prenons donc un temps pour témoigner ici alors que la pluie nous empêche de sortir. Nous sommes Ludmilla et Capucine. Nous nous sommes rencontrées il y a deux ans, pendant nos études à l’Ecole de la Nature et du Paysage de Blois, où nous suivons une formation de paysagiste concepteur·rice. Nous avons ainsi fait les 2 premières années préparatoires. Avant d'enchaîner sur les 3 années diplômantes, nous avons fait le choix ensemble d’une année de césure pour souffler, réfléchir, apprendre différemment.
Nous avons choisi une expérience immersive à Cristinacce pour :
- Faire vivre le projet de création de Vergers et de Potagers, avec l’ASL a chiusella, pour nourrir les habitants·es et limiter le risque incendie lié à l’abandon des parcelles ;
- Participer à l’étude des estives de la région Dui Sevi dans le but de les réhabiliter ;
- Créer un écomusée grâce au don d’un ancien professeur ; et renforcer le lien entre les habitants·es du village.
Nous nous sommes, ces derniers temps, concentrées sur les jardins. Les parcelles sont en contrebas du village sur une centaine de mètres de dénivelé jusqu’à la rivière Tavulella. Ce sont d’anciennes terrasses colonisées par des ronciers et des fougères aigles, repeuplés de chênes verts, dont les murs sont, pour la plupart, éboulés ou en mauvais état. Nous avons ainsi entamé un diagnostic des anciens jardins et répertorié les fruitiers existants. Quand nous aurons fini cette analyse, nous poursuivrons sur une esquisse du projet : quels sont les travaux de réhabilitation des murs à prévoir, quels sont les accès à créer, quels fruitiers sont à garder ou supprimer, quelles plantations à envisager, et pour l’eau ? Le travail est encore long et nous faisons des vas et vient entre le terrain, la synthèse écrite et les livres nous renseignant sur les fruitiers corses, les techniques d'irrigation etc.
Les autres projets sont de côté pour le moment : l'étude des estives ne commencera qu’en Janvier, la maison de l’écomusée n'est pas encore achetée.
Concernant le lien social, nous sommes confrontées à la réalité de beaucoup de villages isolés : les habitants sont comme les oiseaux, ils migrent l’hiver vers des contrées plus habitées-habitables. Nous organiserons en décembre avec les quelques irréductibles Cristinacciais·es, une polenta pour célébrer la farine de châtaignes de l’année et la saison du brocciu et des figatelli.
Capucine Gerard