Quatre mois à Ceaucé, ce sont quatre mois de défis.
Les défis du travail. Comprendre ce que l'on attend de nous. S'approprier les projets. Réussir à s'affirmer. Savoir à qui s'adresser. Oser les contacter. Travailler ensemble. Travailler avec les habitants du village que l'on continue de rencontrer. Fabriquer des cadeaux de Noël. 100 puis 200 puis on ne compte plus. Les accrocher aux sapins du village. En fabriquer à nouveau. Accepter les imprévus. Sélectionner les priorités. Mener plusieurs projets en parallèles. Les panneaux, les ateliers numériques, la décoration du bourg. Baisser ses exigences. Combattre le perfectionnisme, encore. Poser des limites, pour les dépasser. Se faire confiance. Se faire aider. Reconnaître sa légitimité. Se fier à l'expérience. Mais aussi se défier, pour l'expérience.
Les défis de l'hiver. La nuit à 17h30. Le froid sous les portes. Le silence du vent. Tout le monde rentre chez soi. Être éloignée de sa famille. Ne plus voir ses ami.es comme avant : tout les jeudis soirs à l'appartement pour une raclette. L'envie de rejoindre les volontaires du village voisin ralentie par celle d'hiberner jusqu'au lendemain. Alors on s'organise des weeks-ends où l'on se balade, où l'on mange, où l'on joue et où l'on discute. Vouloir s'abriter mais ne pas s'isoler. S'entraider, toujours.
Les défis de la vie après 20 ans. Se faire à manger. Assumer les responsabilités. Régler des problèmes. Penser au passé. Penser au futur. Penser à l'après. Réfléchir à ce qu'il faut faire. Angoisser. Se raisonner. Se rassurer. Ne pas se poser de question. Non, ne pas trop réfléchir. Plutôt se laisser porter. Par les autres, ceux qui sont là et qui nous aident, ceux qui pensent à nous et qui nous aiment. Par les tutrices, qui ont les mots justes. Par le temps, qui couche les arbres après les avoir déshabiller. Par les feuilles, en tas, qui se laissent être piétinées. Par la brume qui s'accroche aux collines. Par les lumières de Noël, qui cherchent à imiter celles des étoiles. Par l'odeur du cidre chaud et celle du chocolat. Par la tranquillité que l'on était venue chercher.
Quatre mois à Ceaucé, ce sont quatre mois réussis.
Lila HAYS