Salutations !
Nous sommes le... hum. Le 23 juillet. Août arrive, ce qui veux dire que ça va faire trois mois que je suis à Brousse. J'ai à la fois l'impression que ça fait une éternité et que c'est très court. Mais le résultat est que mon plan d'écrire une actu par mois est légèrement tombée à l'eau. Tant pis.
L'histoire s'était arrêtée à la présentation de Brousse et l’introduction de nos projets, début juin. Il s’est passé pas mal de choses depuis, les deux premiers mois de l’été ont été bien rempli. De la nuit romantique jusqu’à la chasse au trésor en passant par le feu d’artifice ou les expositions il y aurai beaucoup à écrire.
Mais, par égard pour vos yeux qui se fatiguent devant votre écran, je n’en ferai pas une chronique complète. Sachez juste que ce fut riche en rebondissement, et que j’ai trouvé cela particulièrement amusant. Le seul véritable point noir de ce service civique où je m’amuse tant, ce sont les jours de repos. Aussi idyllique que soit le cadre, il n’y a pas grand-chose à faire dans un petit village médiéval perdu dans la campagne. Heureusement pour moi, j’ai des jambes solides et un grand amour pour la marche, aussi suis-je parti en randonnée. La commune est grande, la campagne est parcourue de chemins et, selon ma carte IGN, il y a de nombreux circuits à faire autour de Brousse. Laissez-moi vous en conter quelques-uns.
Si vous lui posez la question, le guide local, à l’accueil du château, vous proposera sûrement de longer le Tarn jusqu’à Lincou, en passant sous le pont des Girbes. C’est un chemin sympathique, tout au bord de l’eau, ombragé et entretenu. Très agréable pour les familles de touriste qui le parcourent en gang de quatre ou cinq. Cependant personnellement je n’y ai pas trouvé mon compte, il ne fait pas de boucle, c’est un aller-retour, il est tout plat et ne propose aucun défi. Je l’ai fait quand même et, explorant les alentours, je suis tombé sur le lieu-dit du Cluzel. Le chemin qui le relie à Lincou, en passant par le Clot et la Teulière, est joli, bien qu’un peu labyrinthique, et apparemment un chemin permet ensuite d’aller à Lavabre en traversant le bois de Couffinhals, où s’est tenue une bataille contre les viking en 866, mais je n’ai pas encore eu l’occasion de la parcourir. Au Cluzel même il est supposé y avoir une grotte, peut-être un souterrain creusé par les protestants durant la guerre de cent ans, mais je ne l’ai pas trouvée. Une autre balade que le guide pourrait évoquer est celle qui monte à Vialès et qui, en redescendant par le chemin des chasseurs, permet d’avoir l’une des meilleures vues sur le château. Le tour fait une petite heure et est très agréable. Un peu au-dessus de Vialès le village de la Castié est très joli, cela vaut le coup d’y monter. Le tour qui m’y a emmené est celui de Saint-Martin, autre village qui lui est plutôt décevant. L’église était fermée, et les maisons ne méritent pas le détour, au final on ne fait qu’y passer. Si vous êtes motivés, une randonnée d’une trentaine de kilomètres fait un large arc de cercle autour de Brousse, partant par le chemin du Tarn, remontant à St Martin par Layrolle puis allant à la Castié, d’où le chemin redescend pour traverser l’Alrance et remonter à Nouals, d’où l’on rejoint Couffoulens en passant par l’église de Saint Cyrice. Cela m’a pris la journée, d’autant que le départ n’est pas évident, et l’un des chemins présents sur ma carte qui aurait dû me permettre de rattraper mon erreur n’existe plus. Si vous êtes motivés, mais pas à ce point, on peut, en une après-midi, aller à St Cyrice et Couffoulens en partant vers la Colombie. Le passage des crêtes, au-dessus de St Cyrice, est beau à voir, il offre un panorama complet sur la vallée du Tarn. En parlant de chemin qui n’existe plus, vous serez peut-être tenté de rejoindre Couffoulens en passant par la Borie de Cazes, chemin dont on vous parlera mais qui n’est pas sur la carte, puis les Oustalous, chemin qui est sur la carte mais dont personne ne vous parlera. La vérité c’est que le premier tiers, de Brousse jusqu’à la Borie, n’est faisable qu’avec un sabre d’abattis à la main et un pantalon épais : le chemin n’est pas entretenu, aussi s’encombre-t-il de ronces, de buis et de rosiers sauvages. Le paysage est cependant magnifique, et il vous permettra d’exercer vos compétences de déplacement en brousse. Le deuxième tiers, de la Borie aux Oustalous est banal, il s’agit de chemins forestiers dans les bois, mais c’est surtout le dernier tiers qui vous gênera. Arrivé aux Oustalous, vous devrez contourner une haute barrière à moutons. Une fois cet obstacle franchi, vous serez agressé par deux chiens ridiculement petits en liberté, et deux autres pas mal plus impressionnants, mais séparés de vous par une barrière. Là vous rencontrerez la propriétaire qui vous expliquera, avec autant d’amabilité que ses chiens, que vous êtes sur une propriété privée, que le chemin n’existe pas et qu’elle a déjà demandé à la mairie de mettre des panneaux de voie sans issue, sans succès. Elle vous obligera donc à repartir par la route et vous en serez quitte pour rentrer ou vous taper un détour de trois kilomètres sur le goudron en plein soleil. Une fois de retour à Brousse vous découvrirez peut-être qu’elle vous a mené en bateau et que le chemin est bel bien public, mais ce sera trop tard. Mon conseil est donc le suivant : ne passez pas par les Oustalous. J’ai vaguement l’impression d’avoir beaucoup écrit, aussi vais-je arrêter cette actu ici, et on se revoit en août, pour le troisième volet du récit. Sur-ce, bonne journée !
Corentin Laviale